COEUR AVEC LES DOIGTS

Courrier du cœur

Cher Amour

… ou Chères Amoures ?

Rien qu’à t’écrire on ne sait plus comment te genrer, tu brouilles déjà les pistes. Féminin, masculin, non-binaire?

Êtes-vous plusieurs Amour, démultipliables, extensibles, modulables ? Ou un seul ? Grand, Unique, pour la Vie ?

Depuis quelques mois, est apparue l’envie de parler de toi, de travailler avec toi, pour essayer de mieux te comprendre. Comme avec la mort (CF On ne dit pas j’ai crevé, mon dernier spectacle), je n’aurai pas fait le tour de ta personnalité complexe en un spectacle. Tu es pleine de surprises… voir de contradictions.

Pourquoi t’obstines-tu à faire si mal après nous avoir fait atteindre des sommets de bonheur ?

Comment se fait-il que tu sois constamment associé•e à ton pote le romantisme et ses cousins et cousines germain•es la jalousie, la possession, l’intérêt et le besoin ?

À quoi tu sers précisément ? À combler le vide ? Remplir le grand trou du manque de confiance et de la peur d’être seul•e ?

Pourquoi est-ce si difficile dans notre société d’intégrer que tout le monde peut s’aimer ? Les garçons avec les garçons, les filles avec les filles, les filles et les garçons ? Les personnes qui ne se sentent ni fille ni garçon ? Les autres qui sont né•es garçons mais qui se sentent filles, ou l’inverse ? Hein ? Pourquoi on nous montre essentiellement des films, des livres, des spectacles où sont représenté•es les amours dits hétérosexuels ? Alors qu’il en existe d’autres, plus cachés, pour se protéger, parce que oui, Amour, quoi qu’on dise, une fille qui embrasse une autre fille dans la rue, peut se faire casser la gueule, parce que ça dérange, crois-moi. Oui, juste crois-moi.

Et l’Amitié, Amour, t’en penses quoi ? Tu connais la différence entre toi et elle ? Y en a-t-il vraiment une ? Pourquoi quand on aime quelqu’un on se met « en couple », on referme la porte sur l’extérieur, on cocoone à deux et on oublie ses ami•es ? Tu n’as pas remarqué ça ? Sy-sté-ma-ti-que-ment ! Pourtant, dans le temps, l’amitié dure plus longtemps que l’amour non ?

Bon alors, tu m’auras comprise, Amour, j’ai envie qu’on cause un peu toi et moi.

Pour ce spectacle qui sortira fin 2024, j’ai eu envie d’inviter trois autres personnes au plateau, avec moi, on sera donc quatre. Quatre pour refaire le monde avec toi.

Quatre pour aller creuser du côté de nos enfances. Comment ont émergé nos premiers sentiments amoureux ? Où et comment sont nées nos envies d’aimer ? Qui et comment avons-nous aimé pour la première fois ?

J’ai hâte de savoir ce que Delphine, Hélène ou Juli auront à te raconter. Leurs rêves et leurs empêchements vont participer à l’écriture de ce spectacle, avec et sur toi. Marie nous rejoindra aussi pour gonfler nos témoignages de son écriture, de sa langue poétique et puissante.

Tu sais, j’aime bien faire ça : dans mes précédents spectacles je travaillais déjà le geste de l’autofiction. Partir de l’intime pour performer l’universel. Aller chercher au plus précis, au plus direct et concret et sublimer le réel.

Il me tarde donc de te retrouver pour continuer cette lettre, te poser d’autres questions, tenter d’y répondre aussi. D’ici là, allons prendre soin de celleux qu’on aime, avec ou sans bisous 😉

Affectueusement,

Enora

Est-ce que c’est ça l’amour ? Des rubans qui tournoient et des papillons dans le ventre ?

Dans un espace blanc, irisé et enveloppant, quatre camarades en quête de sens fouillent dans leurs expériences de vie et se racontent leur rapport à l’amour.

D’où vient leur envie irrépressible d’aimer ? Comment sortir du romantisme sirupeux ? Y a-t-il une différence entre l’amour et l’amitié ? Comment bien se séparer ? Et finalement comment aimer mieux ?

La brigade arc en ciel partage ainsi ses interrogations et ses résolutions pour laisser émerger les mystérieuses amoures plurielles.

Après un parcours de plusieurs spectacles en solo Enora Boëlle propose ici une pièce de groupe pour parler d’amour. En co-écriture avec MarDi (Marie Dilasser), Cœur avec les doigts réunit un ensemble de références intimes, pop et sociétales. L’espace scénique pensé par Marine Brosse, scénographe, met en valeur les 4 silhouettes au plateau. Ce travail graphique est augmenté par le regard de Johanna Rocard, plasticienne et costumière qui crée sur-mesure les silhouettes émancipatrices des amoures plurielles.