EN HAUT EN BAS

GENÈSE DU PROJET

Depuis de nombreuses années, je dialogue avec ma soeur Agathe, circassienne et trapéziste, sur nos disciplines respectives. (…). Voir les circassien•nes à l’oeuvre ou m’essayer moi-même à un agrès ou à des acrobaties m’a toujours fascinée. En revanche, dans une écriture de spectacle, je n’ai jamais été sensible à l’enchaînement de figures techniques. En ce sens, l’agrès m’est contradictoire à nouveau. Il m’attire dans son engagement physique radical en même temps que – pensé dans une écriture globale de spectacle – il me contraint, ou m’ennuie, presque trop.

Un jour pourtant, j’ai vu ma soeur se reposer sur son trapèze, et ça m’a parlé plus que toutes les prouesses techniques qu’elle venait de réaliser. La voir habiter son agrès m’a émue. C’était comme s’ils ne faisaient qu’un. Comme si elle avait toujours été là-haut. Pour En Haut En Bas, c’est cette image qui est incrustée dans ma rétine.

Je suis inspirée par cette suspension d’une personne dans les airs sur un trapèze, avec en contrepoint une personne au sol.

Moi donc. En-bas. Qui dois ériger mon regard pour la voir.

J’aimerais inviter ma soeur à habiter son trapèze comme moi j’habite le sol.

J’imagine que nos agrès respectifs définissent nos corps, ou en tout cas, que c’est de là qu’on part, qu’on parle et qu’on se parle.

En partant de cette image et en écho à la spécificité distincte de nos pratiques, a surgi une chanson de notre enfance, “Un petit poisson, un petit oiseau” par Juliette Gréco.

Quand on est là-haut
Perdu aux creux des nuages
On regarde en bas pour voir
Son amour qui nage
Et l’on voudrait bien changer
Au cours du voyage
Ses ailes en nageoires
Les arbres en plongeoir
Le ciel en baignoire
Un petit poisson, un petit oiseau
S’aimaient d’amour tendre
Mais comment s’y prendre
Quand on est dans l’eau
Un petit poisson, un petit oiseau
S’aimaient d’amour tendre
Mais comment s’y prendre
Quand on est là-haut

“Mais comment s’y prendre” quand on n’habite pas le même monde ?